Le 12 octobre, au Centre Barblé à Strassen, Osvaldina Moreira présentait sa nouvelle collection dans un défilé chargé d’émotion. Ce défilé, organisé en plein mois de sensibilisation au cancer du sein, marquait non seulement les dix ans de sa carrière, mais célébrait également sa sœur, qui lutte courageusement contre la maladie. À travers ses créations, Osvaldina Moreira réinvente la mode tout en rendant hommage à ses proches, son parcours et à l’artisanat qui lui est cher. Nous avons discuté avec elle de cette collection unique et de ses inspirations profondes.
Quelle est l’inspiration derrière votre dernière collection présentée à Strassen ?
Osvaldina Moreira (OM) : Cette collection est très personnelle. Le mois d'octobre me tient particulièrement à cœur, car c'est non seulement le mois de mon anniversaire, mais aussi celui de la sensibilisation au cancer du sein. Ma sœur se bat contre cette maladie depuis 2018, et j'ai également perdu ma mère d'un cancer en octobre. Cette collection représente mon parcours de vie, les moments de joie, de tristesse, et les rencontres marquantes. Dans mes créations, on retrouve beaucoup de lignes qui se croisent pour symboliser ces chemins de vie. J'utilise aussi des couleurs vives pour les moments heureux et du noir pour la tristesse intérieure que l'on peut parfois ressentir malgré des apparences joyeuses. Chaque pièce raconte une histoire, et c'est aussi un hommage à ces femmes fortes de ma vie.
Vous mentionnez le Wassertuerm à Gasperich comme une source d'inspiration. Qu’est-ce qu’il représente pour vous ?
OM : Le Wassertuerm est une tour d'eau blanche, et je la trouve fascinante. Ses lignes et sa structure me rappellent les rencontres et les croisements que nous faisons dans la vie. Pour moi, elle symbolise le passage du temps, les personnes que l’on croise, et surtout, le chemin que l’on parcourt avec les êtres chers. Ma mère a été un pilier dans ma vie, et cette tour me rappelle les leçons qu’elle m’a laissées.
Comment la couture est-elle devenue une passion et une carrière pour vous ?
OM : J'ai commencé à coudre très jeune, vers 10 ou 11 ans. Je faisais de la broderie sur des nappes, mais c'est en 2014, lors d'un événement familial, que tout a changé. J'ai confectionné des robes pour ma sœur et une amie, et elles ont été si bien reçues que d'autres personnes ont commencé à me demander des créations. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de prendre la couture au sérieux. Plus tard, j'ai remporté un prix lors du concours *Best Cape Verdean Fashion Designer*, ce qui a vraiment lancé ma carrière.
Je réutilise aussi souvent des tissus de mes anciennes collections pour donner une nouvelle vie à mes créations, dans une démarche d'upcycling.
Parlez-nous de votre premier défilé. Quels défis avez-vous dû surmonter ?
OM : Mon premier défilé était très simple, avec mes amies comme mannequins. Mais organiser un défilé est un travail colossal. Il faut trouver la salle, gérer les mannequins, la musique, la photographie... Et en tant que maman de deux enfants, c'est parfois épuisant. Pour ce défilé, il a aussi été difficile de trouver une salle adaptée, car certaines grandes salles au Luxembourg ne sont pas conçues pour des défilés de mode. Mais malgré la fatigue, le stress, et les nuits courtes, je suis fière de ce que j'ai accompli.
Vous avez habillé des personnalités publiques. Pouvez-vous nous en dire plus ?
OM : J'ai eu la chance d'habiller des artistes comme la chanteuse Cassandra Lobo, ainsi que Soraya Ramos, une autre chanteuse capverdienne. Mon plus grand honneur a été d'habiller la Première Dame du Cap-Vert. Cela s'est fait grâce à ma sœur, qui a parlé de moi à l'ambassadrice du Cap-Vert. J'ai eu l'opportunité de créer une robe pour elle et pour l'ambassadrice, ce qui a été un immense défi, mais aussi une grande fierté.
Vos créations sont-elles accessibles à toutes ?
OM : Absolument. Je propose la location de mes créations pour des événements, et je suis souvent contactée via Instagram ou mon site web. Mes pièces sont faites sur mesure et je tiens à ce qu'elles soient accessibles à toutes les morphologies et tailles. Je réutilise aussi souvent des tissus de mes anciennes collections pour donner une nouvelle vie à mes créations, dans une démarche d'upcycling.
Vous donnez également des cours de couture, notamment dans le cadre des classes Reconnect. Pouvez-vous nous en dire plus ?
OM : Les classes Reconnect sont un concept récent qui vise à aider les jeunes en décrochage scolaire. Je leur enseigne la couture et l'upcycling pour leur montrer comment réutiliser des vêtements et leur donner une nouvelle vie. C’est un aspect très important pour moi, car je veux transmettre à la jeune génération des valeurs durables, et leur apprendre à éviter la fast fashion. Chaque année, nous organisons un défilé avec les jeunes pour présenter leurs créations.
Conclusion
Le parcours d’Osvaldina Moreira est un exemple inspirant de résilience, de créativité, et de passion. À travers sa mode, elle ne se contente pas de créer des vêtements, elle tisse également des histoires de lutte, de célébration et d’espoir. Son défilé au Centre Barblé n'est pas seulement un hommage à son art, mais aussi une plateforme de sensibilisation et d'engagement pour des causes qui lui sont chères, comme la lutte contre le cancer du sein. À travers son travail avec les jeunes dans les classes Reconnect, Morena prouve que la mode peut être un outil de transformation personnelle et sociale.
Pour en savoir plus sur ses créations et ses ateliers, rendez-vous sur son site : morenacouture.com, et pour soutenir la lutte contre le cancer du sein, visitez le site de l'association Europadonna.
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