Jonathan Anderson vient d’être nommé à la tête de l’ensemble des collections Dior, une première dans l’histoire contemporaine de la maison. À 40 ans, celui qui dirige déjà Loewe incarne une nouvelle ère, où les frontières entre les genres, les styles et les époques se fondent dans une vision unique. Le créateur nord-irlandais est attendu au tournant dès le 27 juin, avec sa première collection Dior Homme Été 2026.

Il y a des annonces tonitruantes. Celle du 2 juin 2025 en fait partie, lorsque LVMH, pour la toute première fois depuis Monsieur Dior lui-même, confie la direction artistique globale de la maison à une seule et même personne, Jonathan Anderson.

Dans les couloirs de l’avenue Montaigne, on évoque la « fusion créative », la « vision transversale » du créateur. Comprenez, le groupe LVMH a fait le choix fort d’un homme qui a su faire de l’ambiguïté une esthétique, du geste couture un terrain de jeu et de chaque collection un manifeste d’identité contemporaine.

©LVMH

Une trajectoire fulgurante

Jonathan Anderson n’a jamais vraiment cherché à plaire ; encore moins à rentrer dans une case. Formé au sein du London College of Fashion, il a d’abord hésité entre le théâtre et la mode. Ce goût pour la narration se retrouvera plus tard dans des défilés-concepts, où la mise en scène raconte autant que les vêtements. Il fonde sa propre marque JW Anderson en 2008, impose très vite une ligne d’horizon hybride, cérébrale même, dans laquelle les coupes jouent avec les genres et les accessoires deviennent des sculptures.

En 2013, LVMH lui confie les rênes de Loewe. Grâce à son impulsion, la maison espagnole se métamorphose alors en un laboratoire du luxe intellectuel, à grand renfort de pièces conceptuelles, de campagnes arty et de références pointues à l’artisanat comme à l’art contemporain. Le tout avec une rigueur commerciale redoutable. Résultat : les ventes croissent à une vitesse fulgurante, Loewe devient ultra désirable.

L’héritage Chiuri, l’horizon Anderson

Avant lui, Maria Grazia Chiuri – dont le départ a été annoncé dans la stupeur générale vendredi dernier – a passé neuf années passées à féminiser la maison, à convoquer les penseuses, les plasticiennes, les héroïnes silencieuses. Première femme à occuper le poste de directrice artistique chez Dior, elle y a imprimé une vision politique de la mode, souvent militante, résolument engagée.

Son départ laisse un vide, mais également un sillon. Anderson n’arrive pas en rupture. Il marche dans une empreinte, et tente déjà de la prolonger à sa façon. Il évoque dans son communiqué « la profondeur et l’empathie » de Dior, deux termes qui résonnent comme un écho à l’héritage Chiuri, mais que le créateur entend sans doute détourner de manière plus instinctive, plus plastique aussi.

©Dior / Launchmetrics Spotlight

Une nomination historique, un rendez-vous décisif

Ce qui frappe, au-delà du profil, c’est le symbole. En nommant une seule et même personne à la tête de toutes les lignes, Dior brouille les frontières entre les sexes, mais également entre les segments de marché. Pour Anderson, c’est l’occasion de faire converger tous les récits, tous les savoir-faire, dans un seul souffle. Pour la maison, c’est un pari audacieux, celui d’une direction unifiée dans un monde en quête de sens… et de sensations.

Rendez-vous le 27 juin à Paris. Ce jour-là, Jonathan Anderson dévoilera sa toute première collection Dior Homme été 2026. Une prise de parole fondatrice, scrutée comme une déclaration d’intention. L’industrie de la mode retient d’ores et déjà son souffle. Le créateur, lui, affine son vocabulaire. Il sait que les grandes histoires de mode commencent toujours par un silence. Avant le premier mot. Avant le premier pas sur le podium.

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