Entre rage sociale, confessions morbides, dystopies cliniques et souvenirs enterrés, ces sept premiers romans racontent l’époque avec autant de lucidité que de verve. Bref, la sélection ELLE Luxembourg parfaite pour flâner l’esprit léger, les pieds nus et la tête en ébullition (mais toujours en été…).
Mon Vrai Nom est Élisabeth, Adèle Yon : notre coup de cœur non-fiction
Résolument le livre phénomène de ce début d’année. À partir du destin brisé de son arrière-grand-mère lobotomisée dans les années 50, Adèle Yon mêle enquête familiale, réflexion féministe et mémoire psychiatrique. Porté par une écriture fine et un dispositif littéraire original, ce texte hybride, à la croisée du roman et de l’essai, brise le silence autour des violences faites aux femmes dites « folles ». Poignant, politique, absolument singulier.
Mon Vrai Nom est Élisabeth, Adèle Yon, aux éditions du Sous-Sol
Les Vivants, Ambre Chalumeau : raconter ceux qui restent
Ambre Chalumeau, chroniqueuse culturelle à la critique bien sentie, surprend avec un roman sensible, choral, totalement incarné, inspiré de sa propre histoire. Trois jeunes gens qui cherchent leur place, leurs mots, leurs limites. Des histoires de cœur, de mort, de survie douce. Ça aurait pu être plombant, mais non, bien au contraire : c’est lumineux, ultra drôle, sensible, hyper juste. Un texte qui donne envie d’aimer ses amis très fort, de boire un verre sur un toit, de danser entre deux silences.
Les Vivants, Ambre Chalumeau, aux éditions Stock
Lorraine brûle, Jeanne Rivière : un quelque chose de Nicolas Mathieu, un truc en plus !
Premier roman tout feu tout flamme, Lorraine brûle raconte la vie en mode low cost, mais hautement romanesque. Elle, la narratrice, est une quadragénaire débrouillarde qui jongle entre son ado prénommé Tarzan, un boulot administratif à Nancy, des virées rock à Berlin ou du camping entre copines en Bretagne. Elle nage, elle rame, elle survit. Le tout, dans une Lorraine sinistrée qu’elle ne quitte jamais vraiment, même en fuyant. Il y a les récits barrés de sa voisine Nora, dominatrice à domicile, et surtout cette langue qui claque, drôle et mélancolique. La messine Jeanne Rivière signe un texte social sans misérabilisme, tendre sans être mièvre, et furieusement vivant.
Lorraine Brûle, Jeanne Rivière, aux éditions Gallimard, collection Sygne
Clamser à Tataouine, Raphaël Quenard : si vous aimez l’acteur, vous adorerez ce livre
Raphaël Quenard, César du meilleur espoir masculin en 2024, acteur inclassable et facétieux, passe à l’écriture, et frappe fort. Clamser à Tataouine, c’est la confession d’un sociopathe, un tueur en série qui, après avoir manqué de mourir, décide de supprimer « une femme par classe sociale ». On vous l’accorde, dit comme ça, c’est glaçant. Mais c’est aussi complètement foutraque, burlesque, audacieux. Avec son humour noir, sa verve postmoderne et son exubérance bien sentie, Quenard signe un anti-roman à la croisée entre C’est arrivé près de chez vous et Lautréamont. Et derrière la provocation, une vraie réflexion sur la violence, les dominations et notre besoin de sens. À lire en gardant les nerfs solides, et le second degré allumé.
Clamser à Tataouine, Raphaël Quenard, aux éditions Grasset
La Hchouma, Dounia Hadni : le poids des injonctions
On peut être issue d’une famille marocaine aisée, avoir épousé un Français bienveillant, bosser dans un grand journal de gauche et pourtant… suffoquer. Parce que la honte colle à la peau, parce que les injonctions culturelles et sociales ne laissent aucun répit. Sylia, l’héroïne de ce roman fiévreux, ne rentre dans aucune case et vacille entre les normes de là-bas et l’hypocrisie d’ici. C’est le récit d’une identité fracturée, d’une femme qui n’adhère ni à l’obscurantisme religieux ni au progressisme de façade. Un texte incandescent, porté par la langue viscérale et poignante de Dounia Hadni.
La Hchouma, Dounia Hadni, aux éditions Albin Michel
Sang Sommeil, Anna Vassileva :un thriller passionnant made in Luxembourg
Dans cette dystopie captivante, l’hémisphère nord est ravagé par une pandémie d’insomnie. Les Somnibulles, casques indispensables pour dormir, sont contrôlés par Hypnos, une entreprise totalitaire qui surveille la santé de chacun. Vanila Assevan, mère célibataire et brillante scientifique, rejoint la firme pour sauver son fils, mais découvre un système terrifiant. Privatisation du sommeil, surveillance généralisée, et accès inégal à ce droit vital : Sang Sommeil est un thriller autant qu’une fable sociale. Une lecture haletante… et étrangement plausible.
Sang Sommeil, Anna Vassileva, aux éditions Librinova






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