Jusqu’au 25 juin 2025, l’abbaye de Neimënster accueille des photographies de Marianne Majerus. Comme une ode à la vitalité, l’exposition « In the Garden : The Art of the Ephemeral » explore en images, les variations inédites de la nature au fil des quatre saisons. ELLE Luxembourg est allé à la rencontre de cette exposition au coeur du jardin.

Discrète, Marianne Majerus déroule son parcours avec peu de faits . Pour elle, seules ses images doivent parler. Précisons toutefois qu’elle est née à Clervaux et a grandi dans le sud du Luxembourg.Elle est considérée comme l’une des meilleures photographes contemporaines de jardins. Diplômée en littérature anglaise et en licence de sciences économiques, la photographe luxembourgeoise a vécu longtemps en Angleterre. Elle a démarré sa carrière comme photographe à succès de paysages et de portraits, illustrant des livres sur divers sujets comme l’histoire, l’alimentation et les voyages.

©Robert Clark

L’exposition « In the Garden : The Art of the Ephemeral » nous invite à une flânerie et nous ouvre les yeux sur l’évanescence végétale. Pour Marianne Majerus, les jardins sont des œuvres d’art. « Bulle d’oxygène et de vie sauvage, le jardin métisse nature et culture. Les plantes et les végétaux sont des entités vivantes qui changent au gré des saisons et du temps qui passe. Ils sont créés à partir des formes et des volumes des plantes ainsi que des couleurs et des textures des fleurs et des feuilles. Contrairement à d’autres arts, ils ne sont pas statiques : les matériaux eux-mêmes changent constamment de jour en jour, d’heure en heure. Être à l’extérieur, sentir les saisons, les capturer avec l’appareil photo est un mode de vie. »

Les images sont fortes, les couleurs picturales confèrent une vraie noblesse à ces plantes et à ces végétaux, saisis dans la lumière de l’instant, virevoltant dans le vent, cœurs battants tendus vers le ciel. Ici, les photos nous invitent à trouver beauté et réconfort dans des moments éphémères, où la conjonction de la lumière, des plantes et de l’habileté d’un jardinier nous permet d’entrevoir ce que le poète appellerait des « Champs Élyséens ».

Entre poésie visuelle et mémoire sensorielle

Fascinée par la beauté de la nature depuis l’enfance, la photographe se remémore son père qui savait pointer tous les petits miracles de la nature lorsqu’ils se promenaient ensemble. « Je me souviens de sa joie silencieuse lorsqu’il repérait les premières violettes de la saison, les nénuphars ou les muguets de la vallée ». Elle se souvient aussi de son institutrice Marie Haan, passionnée de nature et de photographie, qui « l’emmenait après l’école dans les paysages rouges et rocailleux de la région de Minett à la recherche de gentianes ». Au fil des ans, Marianne n’a cessé d’approfondir sa connaissance des plantes et aspire à témoigner de leur mystère et de leur beauté : « Je veux susciter le respect pour ces merveilleuses formes de vie, les autres êtres vivants avec lesquels nous partageons la planète. De nombreux jardiniers ressentent un lien fort avec la communauté des plantes de leur jardin ».

©Marianne Majerus

Lors de la visite de l’exposition, nos pas nous entraînent notamment à la rencontre des tulipes « Café Noir » et Ballerina, des formes saillantes de la Grande Férule et des pousses fraîches des roses et du Hêtre commun qui incarnent l’énergie irrésistible de la nature au printemps, dans un jardin conçu par James-Alexander Sinclair. Les légendes qui accompagnent les images renforcent leur charge narrative. Nous faisons aussi un détour vers une colline en pente raide, surplombant la Moselle, et le jardin en terrasses mêlant pierre, métal et verre, créé par l’architecte paysagiste Peter Berg.

Le jardin, lien entre les temps et les êtres

Marianne Majerus raconte une histoire en une photo plutôt qu’avec mille mots. Une grande force de vie végétale habite ses images de jardins et nous pouvons ressentir l’énergie du monde naturel dans un cycle sans fin de mort et de renouveau. Les cadrages surprennent et invitent le regard à s’arrêter aux multiples détails. Un ballet de lignes exaltant la géométrie, une architecture vivante où la mise en scène des parterres, des allées et des jeux d’eau réjouissent l’œil d’un spectacle fascinant.

Des liens inaltérables et des connexions intemporelles, c’est ce que Marianne recherche dans ses photographies. « Le monde est fragmenté, nos relations avec la nature et ceux qui nous entourent sont mises à rude épreuve. Les jardins peuvent nous apprendre à nous reconnecter. Je pense qu’ils peuvent nous aider à accepter les phases de l’existence, à rester sereins face à ce qui ne peut être changé. »L’artiste nous invite à une conversion du regard : « Les jardins sont un pont entre les générations. Ce sont les échos de nos ancêtres, les grands-mères et les grands-pères, les personnes nourricières du passé. Les jardiniers plantent des arbres pour les gens qui viendront encore très longtemps après eux. C’est un acte de foi absolu en l’avenir. »

L’exposition est à voir jusqu’au 25 juin à neïmenster.

À lire également

Maria Teresa de Luxembourg : ma vérité sur 25 ans de règne

Katie Melua : « Ralentir, c’est d’abord un acte de puissance »

Exposition Femmes et roses d’exception à Luxembourg : une roseraie en hommage aux femmes inspirantes