Santé mentale : un véritable problème de société

Mis à jour le 19 août 2024 par Delali Amegah
Santé mentale : un véritable problème de société© Priscilla Du Preez / Unsplash

Depuis la pandémie, l’industrie du “wellness” a connu un essor fulgurant, reflétant une obsession pour le bien-être et l'esthétique de la "clean girl". Les réseaux sociaux regorgent de routines soignées, de suppléments pour l'humeur, et de conseils en nutrition et pour l’exercice physique. Si la santé mentale est devenue un sujet populaire sur ces plateformes, la réalité des soins disponibles ne correspond pas toujours à cette image idéalisée.

La popularisation de la santé mentale sur les réseaux

Les réseaux sociaux sont devenus des espaces de discussions ouvertes sur la santé mentale, exposant ainsi son impact dans la vie au quotidien pour bon nombre de personnes. De nombreux utilisateurs se lancent dans l'auto-diagnostic de troubles tels que le TDAH, souvent influencés par un marketing intensif autour du self-care, incluant les pratiques de pleine conscience et une multitude de suppléments à la mode. Cette tendance soulève une interrogation cruciale : ces ressources, largement promues, sont-elles réellement efficaces et adaptées à tous?

Alors que l'industrie du bien-être s'est fortement développée pendant et après la pandémie, avec une prolifération d'experts et de gourous, il est légitime de se demander si ces solutions populaires suffisent à répondre aux besoins en santé mentale de chacun. Les discussions sur les plateformes digitales, tout en démystifiant certains aspects de la santé mentale, pourraient ne pas refléter la complexité des soins nécessaires ni la diversité des expériences individuelles.

Un problème universel

La santé mentale transcende les genres et les classes sociales. Selon le rapport de données du STATEC, un tiers des résidents luxembourgeois a vu sa santé mentale se dégrader au cours de la phase initiale du confinement de la pandémie. Les hommes peinent à exprimer leurs émotions de façon saine, tandis que les femmes gèrent des charges mentales accablantes. Les enfants, les jeunes et les personnes âgées, confrontés à des situations familiales, scolaires ou professionnelles difficiles, souffrent également.

Louise, une ex-résidente luxembourgeoise qui a subi des traumatismes durant l’enfance, remarque que la pandémie a exacerbé la fragilité de sa santé mentale, notamment durant ses études à l’étranger. De retour au Luxembourg, elle trouve les séances de psychologie bien coûteuses en tant qu’étudiante et peu aidantes. Luca, ayant grandi au Luxembourg, mentionne avoir souffert d’anxiété durant ses années de lycée et souligne que les ressources en santé mentale dans le pays ne sont pas très accessibles, avec des listes d’attente souvent décourageantes. Nora, qui travaille dans le secteur du livre, souffre de dépression depuis l’adolescence et d’un trouble alimentaire. Elle décrit ses expériences avec les psychiatres comme étant difficiles, avec une tendance à la prescription presque automatique et souvent trop rapide de médicaments à haute dose, parfois dès la première séance.

Ager, également originaire du Luxembourg et souffrant de TDAH et de dépression bipolaire depuis l’adolescence, a été admis au service psychiatrique de l’hôpital de Kirchberg. Malgré sa compréhension pour le travail difficile du personnel médical, il explique avoir été confronté à un manque de communication, d’écoute et d’empathie, résultant en un séjour hospitalier très frustrant.

Une lutte pour la reconnaissance des troubles mentaux 

Dans l'univers professionnel et également au sein des communautés racisées, la santé mentale reste un sujet souvent tabou, particulièrement pour les personnes neuro divergentes qui endurent en silence.

Nadia Kendall, activiste et responsable de l'inclusion des handicaps cachés au sein de We Belong Europe, une organisation co-fondée par Jana Degrott, défend les droits des personnes atteintes de handicaps invisibles par le biais d’une initiative qui a pour but de renforcer l'inclusion de ces personnes et notamment celles faisant partie de communautés marginalisés. Sa prise de position est inspirée d’une initiative qui encourage les entreprises à adopter le « Hidden Disability Sunflower », originaire du Royaume-Uni, qui un dispositif permettant de signaler discrètement un handicap invisible et qui a depuis évolué en un programme complet de collecte de fonds pour soutenir les jeunes et leurs proches confrontés à des handicaps invisibles.

 

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Ce système a déjà été implémenté dans les pays voisins, tels que les Pays-Bas, la Belgique et l'Allemagne. « La lutte pour la reconnaissance de la santé mentale est un volet crucial de notre travail, surtout en ce qui concerne la neuro divergence. Nombreux sont ceux qui pensent à tort que les troubles mentaux ne peuvent être considérés comme des handicaps. Cependant, si un trouble mental rend difficile le quotidien d’un individu, il peut être reconnu comme un handicap invisible. De plus, les individus présentant des handicaps invisibles tels que l'autisme et le TDAH font souvent face à des problèmes de santé mentale comorbides tels que l'anxiété et la dépression, nécessitant des soins spécialisés », note Nadia Kendall, qui se confie également sur le problème de la langue concernant l'accès aux soins médicaux : « Bien que le système de santé universel du Luxembourg offre un meilleur accès aux services de santé mentale par rapport à de nombreux autres pays, des obstacles significatifs demeurent. L'un des défis les plus notables est la barrière linguistique, particulièrement problématique dans un pays aussi multiculturel. La diversité linguistique du Luxembourg peut entraver la diffusion efficace des informations sur les services de santé mentale ».

Accessibilité et médecine alternative

Depuis le 1er février 2023, les consultations psychothérapeutiques sont remboursées par la sécurité sociale, tant pour les résidents que les frontaliers (sous certaines conditions). Quand bien même les frais doivent être avancés, la prise en charge est de 100% pour les mineurs et de 70 % pour les adultes, sous forme de remboursement. Des organisations telles que D’Ligue, le Réseau Psy, la Ligue Médico Sociale ou encore l’ASTF pour le monde du travail, proposent également des consultations psychothérapeutiques et psychologiques gratuites. Au-delà de la psychothérapie, on observe également un regain d'intérêt pour les approches traditionnelles et les alternatives non pharmacologiques telles que la naturopathie, la médecine intégrative, et les pratiques somatiques.

Ressources

Voici une liste de liens vers des ressources de prévention en santé mentale, des services de soutien, ainsi que des informations sur comment accéder à des aides financières pour les traitements de santé mentale au Luxembourg :

Prévention Psy

Prévention suicide

Prévention Dépression

Prévention Panique

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