Entre bouleversements créatifs et réinventions audacieuses, les Fashion Weeks de Milan et Paris Printemps-Été 2026 auront marqué le début d’un nouveau cycle pour la mode internationale. Au-delà des silhouettes, une nouvelle génération de directeurs artistiques  s’installe à la tête des plus grandes maisons de couture, redessinant les contours du luxe contemporain. Le point avec ELLE Luxembourg.

Des podiums de Milan aux salons de Paris, une évidence s’impose : la mode est entrée dans un nouveau cycle, celui du dialogue entre héritage et rupture. Les créateurs d’aujourd’hui ne rejettent pas la tradition,ils la réécrivent, avec un vocabulaire plus humain, plus inclusif, plus émotionnel.

L’été 2026 : une mode en transition

Dior, Chanel, Balenciaga, Gucci… la valse des signatures

Cette saison aura été marquée par un véritable chamboulement créatif. Entre départs, arrivées et prises de risques, les maisons réaffirment l’importance du geste humain derrière la mode. Ces nouveaux directeurs artistiques, chacun à sa manière, redéfinissent l’idée même de “maison” : non plus un temple figé, mais un lieu de passage, de transmission et de vision.

Gucci : Demna, le choc de la réinvention

C’est l’annonce qui a secoué la planète mode : Demna Gvasalia quitte Balenciaga pour reprendre les rênes de Gucci. Une alliance inattendue, mais redoutablement logique. Dans la vidéo-manifeste dévoilée à Milan, le créateur géorgien impose d’emblée sa vision : des silhouettes épurées, graphiques, empreintes de tension urbaine. Fini le bavardage esthétique ; place à un Gucci brut, intellectuel, presque conceptuel. Le film, tourné dans une Florence spectrale, raconte la collision entre la beauté italienne et la désillusion contemporaine : une renaissance sous haute tension.

Balenciaga : Pierpaolo Piccioli fait vibrer la maison de l’ombre

Après les années de provocation de Demna, Balenciaga s’offre un virage poétique. Pierpaolo Piccioli, ancien directeur artistique de Valentino, y insuffle un souffle lyrique inattendu. Son premier défilé mêle structures couture et fragilités humaines. Les volumes s’adoucissent, les matières deviennent presque spirituelles. On y retrouve les éléments  signatures de Piccioli; des gants colorés aux chemises blanches androgynes, des drapés et une féminité cassée par une allure de force. Balenciaga retrouve la grâce du geste, sans renoncer à son avant-gardisme.

 

Loewe : Proenza Schouler, le duo new-yorkais chez les Espagnols

Après le départ de Jonathan Anderson pour Dior (autre surprise de la saison), c’est le tandem Jack McCollough et Lazaro Hernandez de Proenza Schouler qui prend la direction artistique de Loewe. Leur première collection est un dialogue entre Madrid et Manhattan : artisanat extrême et sens de la coupe urbaine. Les silhouettes sont nettes, les volumes équilibrés, les textures précieuses mais portables. Loewe entre dans une ère de raffinement pragmatique, moins conceptuelle mais tout aussi désirable. On se pâme devant les pièces archi-structurées en cuir aux couleurs pop.

Dior : Jonathan Anderson, la poésie du réel

JW Anderson chez Dior : un mariage que peu attendaient, et pourtant, l’alchimie fonctionne. Le créateur britannique apporte à la maison parisienne un regard neuf, presque pop, sur la féminité. Dans un décor minimaliste au sol réfléchissant, il présente des robes drapées comme des sculptures mouvantes, des tailleurs déconstruits, des accessoires ludiques- notamment une sur-présence de nœuds qui, s’ils peuvent paraîtres girly confèrent ici le côté ‘Dior Girl’ aux silhouettes. La collection est imprégnée d’une légèreté moderne, loin du sérieux historique de la maison. Anderson signe un Dior plus spontané, plus jeune, sans toutefois trahir son héritage.

Chanel : Matthieu Blazy, la subtilité à fleur de matière

La nouvelle ère de Chanel s’ouvre sous le signe de la sophistication artisanale. Matthieu Blazy, transfuge de Bottega Veneta, fait ses débuts remarqués à la tête de la maison. Sous la verrière du Grand Palais, il imagine une collection tout en mouvement : des tweeds légers, des robes tissées à la main, des accessoires entre héritage et invention. Le vestiaire Chanel retrouve une modernité fluide, inspirée du quotidien, mais toujours empreinte de rêve. Pour clôturer le show, la mannequin Ethiopienne-Canadienne Awar Odhiang s’est emparée – tout sourire – du podium de manière angélique en applaudissant un Blazy qui venait de marquer l’histoire

Bottega Veneta : Louise Trotter et la rigueur italienne

Chez Bottega Veneta, Louise Trotter, ex-directrice artistique de Lacoste et presque seule femme parmis ses pairs, apporte sa précision britannique et son goût du tailoring. Sa première collection mêle sportswear épuré et sensualité discrète : trenchs sculptés, cuirs souples, sacs tressés revisités avec géométrie. Le minimalisme se fait sensuel, la fonctionnalité devient chic, une évolution naturelle pour la maison italienne, qui affirme un luxe sans cris mais avec autorité.

Rabanne : Julien Dossena, la lumière et la matière

Pendant ce temps, à Paris, Rabanne (désormais sans “Paco”) poursuit sa métamorphose. Julien Dossena signe une collection éclatante, presque mystique. Les mailles métalliques se fondent dans des drapés fluides, les reflets d’argent deviennent seconde peau. Une mode futuriste, mais humaine, qui parle du corps, de la lumière, du temps. On est particulièrement fans de ces mélanges maximalistes qui prouvent que parfois more is more. 

Prada : l’élégance au bord du silence

À Milan, Miuccia Prada et Raf Simons continuent leur conversation fascinante autour du vêtement essentiel. Tout est dans le détail : un ourlet franc, une chemise translucide, un blazer effleurant le sol. Le duo perfectionne un langage sobre, émotionnel, presque spirituel. Prada, plus que jamais, est une méditation sur la forme et la fragilité.

Miu Miu : le chaos maîtrisé

Chez Miu Miu, Miuccia s’amuse, encore. Elle continue de brouiller les pistes entre pudeur et provocation. Les mini-jupes affrontent les trenchs trop grands, les maillots s’invitent sous les tailleurs. Le vestiaire Miu Miu est un manifeste d’irrévérence assumée : celle d’une génération qui refuse d’être figée. La reine du “beau-moche” nous prouve une fois encore que les cools girls s’habillent pour plaire…à elles-même.

 

 

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