Star des compléments alimentaires, le collagène est présenté comme la solution à tout : rides, relâchement, douleurs articulaires et même cellulite. Mais que sait-on vraiment de son efficacité ? Tatiana Brandt (MyPureSkin) et Manon Kimmel (Le Comptoir de la Santé) partagent avec ELLE Luxembourg une vision plus nuancée et concrète de cet actif tendance.
Pourquoi tout le monde en parle ?
On ne vous apprendra rien : le collagène est partout. En gélules, en poudre, en shots, même dans les boissons et les barres de snacks ; même des coffee shop lui sont intégralement dédiés à l’image du 48 Collagen Café à Paris. Il est devenu l’ingrédient fétiche des marques de nutricosmétiques et de wellness. Cette tendance a pris de l’ampleur avec la vague post-Covid où la santé, la peau et l’immunité sont devenues des priorités pour beaucoup. Ajoutez à cela une esthétique Instagram-friendly, des promesses anti-âge et un storytelling bien rodé : le cocktail était parfait pour créer un engouement. C’est donc loin d’être un hasard si cet actif est devenu aussi populaire.
Un besoin réel… mais souvent pris en charge trop tardivement
La production naturelle de collagène commence à diminuer dès l’âge de 25 ans. Ce processus est progressif, mais cumulatif : en effet, plus les années passent, plus la dégradation s’accélère, affectant la fermeté de la peau, les articulations, la densité osseuse. Tatiana Brandt co-fondatrice de la marque MyPureSkin constate : « L’anti-âge, ça se prépare tôt, idéalement avant 30 ans. Mais à cet âge-là, personne ne s’en préoccupe vraiment. Résultat : les premières consultations arrivent souvent autour de 45 ans, quand la perte de structure est déjà bien installée ».
C’est pour répondre à ce constat qu’elle a co-développé des produits initialement conçus pour accompagner les traitements esthétiques qu’elle prodigue à la Clinique Esthemedis, en Suisse : « On a vite constaté que les protocoles trop complexes ne tenaient pas sur la durée. Les gens cherchent des solutions simples, efficaces, faciles à intégrer à leur quotidien ». Le premier produit, MyCollagenLift, a donc été formulé pour « renforcer les effets des traitements », tout en pouvant agir seul. « Les produits sont suffisamment performants pour donner des résultats, même sans être associés à un traitement esthétique ».
Collagène et synergie : la formule compte plus que l’ingrédient
« Le collagène est une protéine structurelle, présente dans les tissus, les os, les tendons, les muscles. Mais la peau est toujours servie en dernier. Et si le corps manque de ressources, il va prioriser les fonctions vitales », explique Tatiana Brandt. Comprenez ; ce n’est pas parce que vous consommez du collagène qu’il agira directement sur votre peau. L’organisme l’utilise d’abord pour des structures plus prioritaires à l’instar de la barrière intestinale ou des articulations. C’est seulement une fois ces besoins couverts qu’un effet peut se voir sur la qualité de la peau. Elle insiste également sur l’importance de la formulation : « Il faut un apport stable, quotidien. Et surtout, il y a 19 acides aminés nécessaires à la fabrication du collagène. Si vous n’en avez que trois, ça ne sert à rien ».
Et la cellulite dans tout ça ?
Depuis cet été, une avalanche de posts sponsorisés et de communiqués presse annoncent une nouvelle promesse : le collagène comme solution contre la cellulite. Une promesse séduisante, relayée par de nombreuses marques de cosmétiques ou de nutricosmétiques, qui laissent entendre qu’un simple apport de collagène suffit à lisser les capitons.
Curieux de cette tendance, nous avons voulu comprendre. Et très vite, un constat s’impose : le lien entre collagène et cellulite est bien plus complexe qu’il n’y paraît.
Tatiana Brandt clarifie : « La cellulite, c’est une inflammation chronique des tissus. Ce n’est pas une question de poids ou d’âge, mais de génétique, de microcirculation et de détoxification ». Le collagène, en tant que tel, n’agit pas directement sur ces paramètres. En revanche, dans une approche globale, il peut soutenir la structure des tissus et accompagner des actifs ciblés. Elle précise : « Notre produit MyBodyContour – sorti durant l’été 2024 – contient bien des peptides, mais aussi du guarana, du curcuma, du thé vert ou encore de la superoxyde dismutase. Ce sont ces actifs qui ciblent la circulation, le système lymphatique et l’inflammation ».
Manon Kimmel va dans le même sens : « Le collagène à lui seul n’agit pas sur la cellulite. Son efficacité repose sur une association d’actifs qui stimulent la circulation sanguine et lymphatique tout en favorisant les fonctions de détoxification intestinale, hépatique et rénale, notamment l’élimination des oxalates nocifs pour l’organisme ».
Autrement dit, réduire le collagène à une solution anti-cellulite est un raccourci marketing. Son intérêt est réel, mais dans une stratégie plus large qui intègre le métabolisme, la circulation, l’état inflammatoire, la régénération tissulaire et l’alimentation.
Absorption, galénique et biodisponibilité
Tous les collagènes ne se valent pas. Pour être assimilé efficacement par l’organisme, il doit être hydrolysé sous forme de peptides. Et sa biodisponibilité dépend autant de sa forme que du moment de sa prise.
Tatiana Brandt recommande une prise le matin à jeûn : « C’est le moment où l’organisme fait un point global et mobilise ce dont il a besoin, au bon endroit». Elle souligne que ce timing maximise les chances que les peptides soient utilisés là où l’organisme en a besoin, avant l’arrivée d’autres nutriments concurrents.
Elle insiste aussi sur l’importance du support : « Le collagène est actif en milieu liquide. Une fois oxydé, il perd en efficacité ». C’est pourquoi MyPureSkin a opté pour des sticks individuels, qui permettent un conditionnement sans conservateurs. « On n’ajoute pas de conservateurs, car ils dégradent la qualité du collagène », précise-t-elle. Le format stick garantit la stabilité des peptides, tout en les protégeant de l’humidité, de l’oxygène et de la lumière, qui peuvent altérer les actifs.
Derrière cette approche se cache une logique de formulation exigeante : éviter les ingrédients inutiles, privilégier une assimilation optimale, et assurer une conservation sans compromis sur la qualité.
Derrière le marketing, des produits souvent mal formulés
Le succès du collagène attire son lot d’opportunistes. Certains produits mis sur le marché misent tout sur l’effet d’appel du mot « collagène », sans réelle considération pour la formulation ou la synergie d’actifs. Manon Kimmel prévient : « Il faut être prudent sur l’efficacité des produits mono-actif. Le collagène a besoin de cofacteurs tels que la vitamine C, ainsi qu’une synergie avec d’autres actifs comme l’acide hyaluronique qui potentialisent ses effets dermatologiques. Sa biodisponibilité dépend également de la taille de ses peptides : plus ils sont petits – idéalement inférieurs à 2 000 Daltons – plus leur assimilation est élevée ».
Tatiana Brandt regrette un discours marketing qui brouille les pistes : « On vend un miroir aux alouettes. Et après, les gens disent que le collagène ne marche pas. Mais ce n’est pas le collagène le problème, c’est la formulation ».
Du côté de Tatiana Brandt comme de Manon Kimmel, le message est donc clair : le collagène est efficace, oui, mais à certaines conditions. Il ne fonctionne que s’il est bien intégré dans une formule pensée pour accompagner l’organisme dans ses priorités : soutenir l’inflammation, régénérer les tissus, renforcer les structures. Tatiana Brandt résume : « Ce n’est pas un ingrédient cosmétique. C’est un actif anti-âge global, grâce à ses vertus anti-inflammatoires, à condition qu’il soit bien utilisé ».
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