Quel week-end ! Le pays tout entier, entouré d’invités venus bien au-delà des frontières, a célébré avec ferveur le « Trounwiessel ». Le Luxembourg a désormais un nouveau Grand-Duc, S.A.R. le Grand-Duc Guillaume — et une nouvelle Grande-Duchesse.
Alors que le pays se préparait au changement de règne du 3 octobre 2025, les festivités ont animé tout le week-end dans une atmosphère chargée d’histoire et d’émotion. Les images et vidéos qui ont circulé parlaient d’elles-mêmes : Guillaume V a été accueilli avec un enthousiasme débordant, et chacun semblait prêt à embrasser cette nouvelle ère.
Pourtant, cet instant historique n’a pas seulement été capturé par les objectifs et les écrans : il a également été immortalisé d’une manière durable, à travers des portraits peints à la main représentant le nouveau chef d’État et son épouse.
La veille de la cérémonie officielle et du dévoilement des œuvres, ELLE Luxembourg a eu le privilège immense d’être l’un des deux seuls médias invités à rencontrer Louise Pragnell, l’artiste britannique à l’origine des nouveaux portraits officiels du Grand-Duc Guillaume et de la Grande-Duchesse Stéphanie.
Alors que le Luxembourg tourne une page majeure de son histoire, les toiles de Pragnell en deviennent le reflet visuel — une rencontre entre les époques, patiemment façonnée, coup de pinceau après coup de pinceau.
Une commande royale, une émotion partagée
Contactée pour la première fois l’été dernier, l’une des portraitistes contemporaines les plus réputées du Royaume-Uni se souvient de sa joie : « J’étais très enthousiaste à cette idée. Et j’ai été ravie lorsque la commande m’a été confirmée. C’est un immense privilège », confie Louise Pragnell.
Le moment où le couple grand-ducal a découvert les œuvres achevées — deux huiles sur toile de 100 x 150 cm —, au matin du 2 octobre, a également été particulièrement émouvant. « Ils m’ont fait confiance dès le début, mais j’étais bien sûr impatiente de voir leur réaction. Tous deux ont exprimé leur joie », confie l’artiste. Après l’installation des tableaux, la Grande-Duchesse a d’ailleurs confié qu’ils semblaient avoir « toujours été accrochés là » ; un compliment que l’artiste chérit tout particulièrement.
Un regard contemporain porté sur une tradition intemporelle
L’interprétation réaliste et sensible de Louise Pragnell relie la composition classique à une modernité assumée.
Dans son portrait, le S.A.R. le Grand-Duc Guillaume apparaît dans son uniforme de parade bleu nuit, orné de décorations, sur fond du décor raffiné du Palais grand-ducal. Il tient une paire de gants blancs, tandis que sa casquette repose à côté d’une horloge et d’une pile de livres — symboles discrets du devoir, de l’histoire et du savoir.
L’horloge, une pièce signée Jaeger-LeCoultre, rend hommage à la tradition du portrait royal : elle incarne le passage du temps, la continuité et le sens du devoir que représente la monarchie.
Pour S.A.R. la Grande-Duchesse Stéphanie, l’artiste a conçu un portrait lumineux, empreint de grâce et de sérénité. La Grande-Duchesse porte une robe bleu clair aux reflets soyeux et l’écharpe jaune de l’Ordre du Lion d’Or de la Maison de Nassau.
Ses bijoux — un bracelet, des boucles d’oreilles et un collier souvent portés par la Grande-Duchesse Maria Teresa — ont été choisis pour leur valeur symbolique. Quant au diadème belge à volutes, offert en 1953 à la princesse Joséphine-Charlotte en cadeau de mariage, il compte 854 diamants sertis sur platine, pour un total de 46,42 carats ; un clin d’œil à ses origines belges. « J’ai eu deux séances avec chacun d’eux, d’environ une heure chacune, raconte Louise Pragnell. Tous deux étaient debout, et ils ont été formidables, car poser debout peut être fatigant — surtout lorsqu’on porte des vêtements aussi formels », confie Louise Pragnell.
© Louise Pragnell
©Louise Pragnell
Le résultat ? Un duo de portraits harmonieux, à la fois solennels et profondément humains.
« Ensemble, ils incarnent la plénitude de la monarchie, explique l’artiste. Les lignes verticales du Grand-Duc répondent aux diagonales plus douces de la Grande-Duchesse. Il s’en dégage un équilibre, une continuité et un souffle de renouveau ».
Quand on lui demande pourquoi l’huile sur toile demeure la technique par excellence, l’artiste britannique explique « que les peintures à l’huile traversent le temps. Elles se transmettent de génération en génération, de main en main ».
L’art du portrait royal contemporain
Louise Pragnell s’impose désormais comme l’une des grandes portraitistes britanniques. En 2024, elle a présenté un tableau de la princesse Anne, sœur du roi Charles III. L’année précédente, elle avait également été sollicitée pour peindre les Irish Guards, à l’occasion de la nomination de Catherine, princesse de Galles, comme colonel en chef du régiment. Elle a également immortalisé le duc de Kent, cousin de la défunte reine Élisabeth II.
Dans son entretien avec ELLE Luxembourg, l’artiste évoque le dialogue constant entre tradition et modernité qui guide son travail : « Un portrait, c’est toujours plus qu’une ressemblance. C’est une impression du temps, du lieu, de la présence. Je veux montrer la personne, pas seulement le titre ».
Pour elle, peindre un portrait revient à entretenir une conversation — entre la lumière, le temps et la présence : « Mon rôle est d’écouter ».
Tradition et renouveau
Conformément à la tradition grand-ducale, la Maison du Grand-Duc a commandé plusieurs portraits officiels du chef de l’État. Trois artistes ont été choisis : le peintre luxembourgeois Roland Schauls, ainsi que les portraitistes britanniques Louise Pragnell et Andrew Gow. Pragnell a également été chargée de peindre le portrait de la future Grande-Duchesse, complétant ainsi l’ensemble des représentations royales.
Ses œuvres rejoindront prochainement la collection officielle du Palais grand-ducal, avant d’être présentées au public en janvier 2026 au Nationalmusée um Fëschmaart (MNAHA).
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