Initiative récente, lancée à la demande de la Fondation Félix Chomé créée et organisée par l’association De Mains De Maîtres Luxembourg, le Prix d’Artisanat d’Art Félix Chomé est conçu pour récompenser et soutenir des projets artistiques au savoir-faire remarquable, ce prix a vu le jour en 2024 et se renouvelle pour une deuxième édition en 2025. Prêtes à candidater ?

L’objectif est d’apporter un soutien concret à la production artisanale Made in Luxembourg, en accompagnant financièrement des projets « rêvés » par les artistes. Des projets ambitieux qui, sans aide financière, resteraient pour certains irréalisables. Contrairement aux bourses déjà mises en place par l’association, notamment celles destinées à la formation ou à la spécialisation, le prix Félix Chomé est spécifiquement pensé comme un levier à la création.

Une dotation appréciable pour le lauréat

Doté d’un montant de 35 000 euros, ce prix récompensera un(e) artisan(e) dont le projet saura rendre unanime le jury, en fonction du savoir-faire, du caractère innovant et du message que portera l’œuvre. Il pourrait peut-être, cette année, être fractionné et récompenser plusieurs projets, selon la qualité des candidatures. 

Le jury doit pouvoir fonder son opinion sur un projet mûrement réfléchi et développé pour décerner son prix. Grâce à lui, les artistes peuvent investir dans des moyens plus grands qu’à leur habitude, pour des projets artistiques d’une plus grande envergure. Le prix 2025 sera remis au moment du vernissage de la Biennale, le 18 novembre 2025 au 19 Liberté.

Une candidature aboutie et soignée pour devenir le lauréat 2025

Pour avoir l’opportunité d’obtenir ce prix, les artisans candidats doivent proposer un projet structuré, accompagné d’un budget détaillé, de plans, de croquis et éventuellement de modélisations. L’appel à candidatures est ouvert jusqu’au 15 septembre et les résultats seront annoncés lors du vernissage de la Biennale, le 18 novembre prochain. Une fois sélectionné, le lauréat dispose généralement d’un an pour réaliser son projet.

Le jury est attentif à plusieurs critères : l’originalité du projet, la qualité de la mise en œuvre technique, l’engagement éco-responsable et le savoir-faire artisanal de haut niveau sont de forts atouts dans la présentation du projet de chaque candidat et les membres du comité de sélection y seront très sensibles. Le thème de la Biennale 2025, Nature singulière, bien qu’indépendant du prix, reflète cette sensibilité accrue à l’environnement et à la nature.

Charlotte Payet, lauréate 2024

La première édition du prix a été remportée par Charlotte Payet, jeune artiste plasticienne. Son projet, composé de trois sculptures monumentales, associe des matériaux recyclés – notamment des bouteilles en plastique – à une structure métallique réalisée en collaboration avec un artisan. Ce travail, alliant innovation, engagement écologique et esthétique forte, a séduit le jury par sa cohérence, sa maîtrise et sa créativité. 

Grâce au prix, Charlotte Payet a pu franchir un cap et monter d’un cran sa création, mais également sa méthode de travail. Elle s’est, par exemple, associée à un métallier qui a réalisé cette structure plus grande pour l’œuvre qu’elle dévoilera à la Biennale de novembre et qu’elle n’aurait pas pu produire seule. Elle ose désormais produire des œuvres de plus grande envergure et collabore avec d’autres professionnels pour enrichir son art.

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Ce travail, alliant innovation, engagement écologique et esthétique forte, a séduit le jury par sa cohérence, sa maîtrise et sa créativité

Le travail de Charlotte Payet a séduit le comité par ses couleurs, son chatoiement, ses formes et son innovation. Son regard sur le recyclage, en récupérant des bouteilles en plastique qui deviennent sa matière première, transforme le déchet en merveille. Elle réinvente le geste de la tisseuse. Très simple et complet à la fois, elle crée des tapisseries avec des fils – qu’elle produit elle-même – avec la matière plastique provenant des bouteilles, comme pour son œuvre Unterwasserwelt qu’elle réalise en 2023.

À la façon d’une  peintre, elle utilise la palette des différentes couleurs de bouteilles pour composer sa toile. Une action simple qui, pourtant, déclenche une émotion singulière.

De Mains De Maîtres, un soutien solide pour les artisans

©DeMainsDeMaitres

Au-delà de l’aide financière, De Mains De Maîtres, soutenu par la Chambre des Métiers, offre une importante visibilité aux lauréats : une exposition au cœur de la Biennale au 19 Liberté, une médiatisation considérable via des articles de presse et sur les réseaux, un podcast en partenariat avec la Chambre des Métiers et d’autres événements où ils sont aussi exposés. L’association cherche également à exporter les œuvres au-delà des frontières du Luxembourg, tout en développant des partenariats internationaux.

L’association est activement engagée dans plusieurs réseaux européens dont la Biennale Révélations qui a lieu depuis 2013 au Grand Palais de Paris, organisée par les Ateliers d’Art de France et à laquelle le Luxembourg participe depuis 2017. Une institution dans le domaine de l’artisanat d’art qui met en lumière des savoir-faire artistiques et artisanaux contemporains de tous pays et à laquelle Marie De Decker et Yanis Miltgen ont participé en mai dernier. 

L’association fait également participer ses artistes à l’Homo Faber, biennale internationale des métiers d’art à Venise, orchestrée par la Fondation Michelangelo. Ces deux biennales sont des partenariats réguliers et pour lesquels l’association De Mains De Maîtres est pleinement contributrice.

De plus, d’autres événements, plus ponctuels, peuvent offrir une belle vitrine aux lauréats du prix d’Artisanat d’Art Félix Chomé, comme le BeCraft à Mons en Belgique, avec lequel De Mains De Maîtres a organisé une exposition en novembre 2024, en faisant dialoguer créateurs luxembourgeois et belges. Une exposition, en partenariat avec Homo Faber, aura également lieu en septembre 2026. Elle réunira une sélection d’artisans luxembourgeois à Venise. D’autres projets d’expositions en dehors du Grand-Duché sont également en cours de développement.

Cette visibilité engendre une certaine notoriété et une hausse des demandes pour les artisans qui font partie de l’association, comme cela a été le cas pour Charlotte Payet après avoir été récompensée l’an dernier.

Une communauté d’artisans fédérée autour d’une aspiration commune

Depuis sa création en 2017, De Mains De Maîtres a su créer une véritable communauté d’artisans d’art au Luxembourg. L’association organise la Biennale, remet divers prix et bourses et agit comme une fédération pour des artisans souvent isolés dans leur pratique. « Ils se sentent comme les membres d’une tribu ou d’une famille » selon Jean-Marc Dimanche, Commissaire Général de l’association. « Certains entreprennent des collaborations entre eux ».

Ce réseau accueille aussi bien de jeunes diplômés que des professionnels en reconversion en quête de sens dans leur métier. Beaucoup trouve dans l’artisanat un nouvel élan, un métier plus humain, plus engagé, avec une réflexion et y trouve un sens autour du geste.

De Mains De Maîtres agit pour rendre l’artisanat d’art luxembourgeois plus visible et reconnu sur le territoire ainsi qu’à l’international. Pour cela, l’association accompagne et soutient ses membres dans leur participation à des événements renommés, en les soutenant financièrement ou logistiquement et en leur apportant une belle visibilité afin qu’ils puissent faire rayonner les métiers d’art et le savoir-faire du Grand-Duché dans le monde entier.

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