Chaque automne, le rideau se lève sur un rendez-vous incontournable de la culture transfrontalière : le Festival du Film Italien de Villerupt.

Depuis 1976, ce festival emblématique attire cinéphiles, curieux et nostalgiques du grand cinéma italien dans les salles obscures de Villerupt, d’Audun-le-Tiche, mais aussi au Luxembourg, à Esch-sur-Alzette et Dudelange. Pour sa 48e édition (du 24 octobre au 11 Novembre 2025), le festival déroule à nouveau un programme aussi foisonnant qu’exigeant : près de soixante-dix films, des avant-premières, des hommages et une belle place faite aux réalisatrices de la nouvelle génération. ELLE Luxembourg a remonté le fil de cette belle success-story culturelle.

Alors, pourquoi, depuis près d’un demi-siècle, l’un des plus grands festivals dédiés au cinéma italien en Europe a-t-il élu domicile… à quelques kilomètres seulement du Grand-Duché ? La réponse trouve  ses racines dans l’histoire industrielle de la région. Aux XIX et XX siècles, les vallées frontalières du sud du Luxembourg et du nord de la Lorraine vivaient au rythme du fer et de l’acier. Des milliers d’ouvriers venus d’Italie ont contribué à la prospérité de cette région sidérurgique, forgeant certes l’acier, mais également, et surtout, un lien humain et culturel indélébile. Leur héritage résonne encore aujourd’hui, jusque dans la lumière des projecteurs, et c’est précisément cette mémoire commune qui a valu à la région le titre de Capitale européenne de la Culture en 2022.

Une édition 2024 qui mêle politique, poésie et passion

Entre mémoire ouvrière, passion italienne et enthousiasme pour le cinéma, Villerupt continue d’incarner un trait d’union unique entre les peuples et les époques. 

L’affiche de cette nouvelle édition, signée par la créatrice Caroline Labadie (Sentenza), en dit long sur le thème choisi. Venise la rouge invite ainsi à un voyage entre politique, poésie et passion. C’est donc tout naturellement qu’Andrea Segre, cinéaste originaire de la lagune, en est l’invité d’honneur : uteur de documentaires et de fictions engagés (Io sono LiMolecoleWelcome Venice), il explore depuis toujours les fractures sociales et écologiques de sa ville natale.

Autour de lui, une sélection éclectique déroule l’infinie richesse du cinéma italien : des classiques comme Senso (Visconti, 1954) ou Morte a Venezia (Visconti, 1971) côtoient des œuvres récentes et audacieuses, telles que Gloria! de Margherita Vicario (2024), drame musical et féministe ovationné à Venise ou encore Un’anno di scuola de Laura Samani, celebrée à Venise. À travers leurs œuvres, ces cinéastes confirment la vitalité et la diversité d’un cinéma italien au féminin, à la fois audacieux, engagé et profondément humain. Même si nous aurions souhaité voir davantage de réalisatrices fortes représentées ici…

Et même si, malheureusement, l’avant-première très attendue du nouveau film de Paolo Sorrentino (La Grazia) n’aura pas lieu lors de cette édition, le festival n’en reste pas moins éblouissant. Hors compétition, on retrouvera L’abbaglio de Roberto Andò ou la comédie sportive U.S. Palmese des frères Manetti, sans oublier un vibrant hommage en dix films à Marco Bellocchio.

Enfin, une émotion particulière flottera cette année dans les allées de Villerupt : la grande Claudia Cardinale, disparue en septembre, sera célébrée à travers une exposition de photographies inédites signées Paul Ronald, prises sur le tournage du mythique 8 ½ de Fellini. 

Dès l’ouverture du festival, le vendredi soir, 24 octobre un plaisir particulier attend les visiteurs : Pane e Tulipani de Silvio Soldini (2000).

Pour plus d’informations et le programme, visitez leur site web: https://festival-villerupt.com/programmation/

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